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Photo du rédacteurPhilippe VINCENT

Le risque, un besoin de nos sociétés

Nous avons besoin du risque pour avancer


Qu’est-ce que le risque ?

Le risque peut être défini comme la possibilité d’un événement négatif, mais il est aussi indissociable de la prise de décision et de l’innovation. Aujourd’hui, nos sociétés sont de plus en plus tournées vers l’évitement du risque, que ce soit dans la sphère personnelle, sociale ou économique. Cette quête de sécurité absolue pourrait nous empêcher de tirer parti des opportunités et freiner notre développement collectif et individuel.

Vivons-nous dans une société qui a trop peur de prendre des risques, au point de limiter notre capacité d’avancer ?


Les risques quotidiens ; entre banalité et importance

Le risque est présent dans les activités de tous les jours. Quelques exemples simples : la conduite d’une voiture, un déplacement à pied, une tâche ménagère, … ; le risque est partout. Ces situations apparemment anodines peuvent parfois dégénérer de manière inattendue, des situations à risque. Vivre sans risque est une illusion.

Cette banalité du risque est souvent ignorée, car nous avons appris à le gérer de manière inconsciente. Ce constat permet d’introduire la notion de tolérance au risque, variable d’une personne à l’autre et d’une société à l’autre. Certaines cultures valorisent la prise de risque comme un vecteur de réussite, tandis que d’autres cherchent à l’éliminer au profit de la sécurité.


Le rôle de la peur ; moteur ou un frein ?

La peur du risque est souvent amplifiée par les médias, les institutions et même notre éducation. Cette peur est en partie une réponse biologique, un mécanisme de survie qui nous pousse à éviter le danger. Toutefois, dans une société moderne où les risques vitaux (comme les attaques d’animaux ou la famine) sont moindres, cette peur est parfois déplacée sur des aspects moins menaçants, comme les risques financiers ou sociaux.

Cette peur peut devenir paralysante. Par exemple, une personne qui a trop peur de l’échec évitera de prendre des initiatives, ce qui limite son potentiel. À l’inverse, certaines personnalités, comme les entrepreneurs ou les aventuriers, cultivent une relation positive avec le risque, en le voyant comme une opportunité plutôt qu’une menace.


Les conséquences de l’évitement systématique du risque

Quels sont les impacts d’une société qui évite le risque à tout prix ?

Dans plusieurs domaines, cette aversion excessive peut avoir des effets négatifs :

1. Innovation freinée : La peur d’échouer empêche souvent les entreprises et les individus de tenter des expériences audacieuses. Or, l’innovation repose sur l’acceptation que certaines idées échoueront avant de trouver une solution gagnante.

2. Développement personnel limité : Sur le plan individuel, éviter les situations risquées peut empêcher d’acquérir de nouvelles compétences ou de vivre des expériences enrichissantes. Par exemple, quelqu’un qui évite de voyager par peur de l’inconnu passe à côté de découvertes culturelles et personnelles.

3. Stagnation sociale : À un niveau collectif, des politiques trop prudentes peuvent ralentir les avancées technologiques ou environnementales, comme le montre le cas de certaines transitions énergétiques retardées par la peur des coûts initiaux ou des résistances sociales.

4. Impact économique : Dans le monde de la finance, une trop grande aversion au risque peut entraîner des investissements trop conservateurs, limitant les opportunités de croissance économique.


L’attrait du risque : Pourquoi en avons-nous besoin ?

Malgré les dangers qu’il représente, le risque joue un rôle crucial dans notre développement. Certaines personnes ou groupes embrassent le risque pour repousser les limites, que ce soit dans le sport, l’art ou l’entrepreneuriat. Par exemple, les exploits d’alpinistes ou d’innovateurs technologiques montrent que le risque est souvent un moteur de dépassement de soi.

Les neurosciences apportent également une explication : la prise de risque peut être perçue comme une source de plaisir, car elle stimule la production de dopamine, une hormone associée à la récompense. Cela explique pourquoi certaines personnes recherchent activement des sensations fortes, alors que d’autres préfèrent rester dans leur zone de confort.


Un équilibre à trouver : Entre audace et prudence

Il semble important de trouver un équilibre entre la prise de risque et la prudence. Il ne s’agit pas de prôner une prise de risque aveugle, mais plutôt de développer une approche réfléchie qui maximise les chances de succès tout en limitant les dangers.


Plusieurs stratégies sont possibles pour mieux gérer le risque :

Éducation au risque : Enseigner dès le plus jeune âge à évaluer les risques de manière rationnelle, sans les surestimer ni les ignorer.

Prise de risque progressive : Commencer par de petites expériences risquées pour renforcer la confiance en soi avant d’affronter des défis plus importants.

Culture de l’échec : Redéfinir l’échec comme une étape d’apprentissage plutôt qu’une fin en soi.



Conclusion - Prenons-nous suffisamment de risques ?

Réfléchissons en profondeur sur notre rapport au risque. Il y a des dangers dans une société qui chercherait à éliminer toute forme de risque, tout en reconnaissant que certains risques doivent être soigneusement évalués et contrôlés. Le risque est  une composante essentielle de la vie humaine, à la fois source de danger et d’opportunité.


Source : « Prenons-nous suffisamment de risques ? », diffusée le 28 novembre 2024 sur Arte.

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